Épilepsie, hypnose, LSD & lumières qui clignotent
Lumières stroboscopiques & hypnotiques…
Aujourd’hui on va parler de lumières qui clignotent, qui nous font méditer et qui peuvent réellement nous hypnotiser : En deux mots, on va parler lumières stroboscopiques !
La première fois que j’ai lu que les lumières stroboscopiques pouvaient modifier notre état de conscience et nous hypnotiser, j’étais plutôt sceptique. La première chose à laquelle j’ai pensé en lisant l’article, c’est aux soirées du lycée que j’organisais en me prenant pour David Guetta. Eh ouais… Fièrement installé aux platines, j’ambiançais la salle à base d’Eiffel 65 et de jeux de lumières achetées chez GiFi. Parmi elles, un méga stroboscope que je prenais un malin plaisir à déclencher à tout va, sans crier gare. Ça flashait dans tous les sens, c’était stylé, ça rendait aveugle mes potes, mais de là à dire que ça les mettait en transe… J’suis quand même resté dubitatif.
Et puis moi, en tant que bon geek gamer, les lumières qui clignotent et qui scintillent, ça m’a aussi directement fait penser aux messages qu’on voyait apparaître quand on démarrait un jeu sur la Super Nes ou la MegaDrive. Mais si, vous vous souvenez ? Juste après avoir soufflé dans la cartouche comme dans un harmonica ! Et voici ce qu’on pouvait lire sur l’écran de la télé cathodique 36 cm dernier cri :
“Certaines personnes sont susceptibles de faire des crises d’épilepsie ou d’avoir des pertes de conscience à la vue de certains types de lumières clignotantes. Si vous-même ou un membre de votre famille avez déjà présenté des symptômes liés à l’épilepsie en présence de stimulations lumineuses, veuillez consulter votre médecin avant toute utilisation du jeu.”
Plutôt flippant, non ? Du coup, dans ma tête, faire clignoter des lumières à rythme régulier dans la face des gens, ça pouvait être dangereux à cause du risque épileptique. Bon, ça m’empêchait pas de le faire pendant les soirées… Bref, passons ma jeunesse follement débridée à base de Panaché.
Bon, OK, mais sérieusement, c’est quoi l’épilepsie ?
Et bien selon le site Amelie.fr :
« L’épilepsie est une maladie chronique caractérisée par la survenue de crises épileptiques (Bon, merci Amélie mais jusque là, tu nous apprends pas grand chose…). Mais si on continue un peu notre lecture, le site précise que ces crises traduisent un dérèglement soudain et transitoire de l’activité électrique du cerveau, qui peut notamment être provoqué par des stimulus lumineux. »
Tiens tiens… Un dérèglement soudain et transitoire de l’activité électrique du cerveau… De loin comme ça, ça ressemblerait pas à des signes d’états modifiés de conscience ?
Car d’un point de vue neuro-électrique, notre cerveau, et plus précisément nos neurones, émettent des ondes de différentes fréquences allant de 0,5 à 35 Hz (jusqu’à 100 Hz pour les ondes gamma). Cette plage de fréquences est découpée en sous-plages (delta, thêta, alpha, bêta et gamma) qui correspondent à différents états de conscience tels que éveil, sommeil léger, sommeil profond pour n’en citer que quelques uns.
Une crise d’épilepsie est donc un changement brutal, incontrôlé et instable de l’activité neuro-électrique du cerveau. De là à dire que cela correspond aussi à une instabilité au niveau de l’état de conscience de la personne qui en est victime, il n’y a qu’un pas.
Quoi qu’il en soit, grâce à l’exemple de l’épilepsie, nous avons maintenant la preuve évidente que l’activité électrique cérébrale peut être modifiée par de puissants stimulus lumineux. Alors certes, une crise d’épilepsie, ça donne pas trop envie. Même avec une app stylée, pas sûr que ça donne envie à beaucoup de gens…
Y’a t-il d’autres états modifiés de conscience possibles ?
Mais du coup… N’y a t-il pas d’autres états, plus agréables si possible, pouvant être induits par la lumière stroboscopique ?
Eh bien oui, et vous l’aviez déjà deviné ! Car la lumière stroboscopique peut en effet induire des états modifiés de conscience et cela de manière plus progressive et plus stable que lors d’une crise d’épilepsie, fort heureusement. Et dans ce cas là, on qualifie même ces lumières d’hypnagogiques car elles induisent notamment des états hypnotiques.
Les lumières hypnagogiques font l’objet de nombreuses études depuis le 16ème siècle et connaissent un regain d’intérêt depuis les années 1930 car l’invention de l’électroencéphalogramme a permis de prouver l’action des flash lumineux sur l’activité électrique du cerveau.
Mais vous allez voir que l’utilisation de lumières clignotantes pour modifier l’état de la psyché humaine remonte à bien plus loin que cela !
Car aux alentours de 200 après JC, Ptolémée constate déjà que le clignotement de la lumière du soleil à travers les rayons d’une roue à rouet créé dans la vision de l’observateur des dessins aux couleurs vives et que cette alternance lumineuse produit également un sentiment d’euphorie.
Plus proche de nous, au 19ème siècle, Joseph Plateau, un scientifique belge connu pour ses recherches sur la persistance rétinienne, étudiait l’oscillation de la lumière à travers une roue, là encore. Plateau découvrit que les personnes en bonne santé étaient capables de voir des flashs lumineux à une fréquence beaucoup plus élevée que ne le pouvaient des personnes malades. Cette découverte fût dernièrement confirmée, démontrant que les méditants chevronnés étaient capables de distinguer plus de flash par seconde que les autres personnes. Pour finir sur Joseph Plateau, ses recherches ont finalement donné naissance au principe fondateur de l’image animé et du cinéma !
On continue notre voyage dans le temps avec le psychologue français Pierre Janet de l’Hôpital de la Salpêtrière de Paris, qui, à la fin du siècle dernier, constate que lorsque ses patients sont exposés à des lumières vacillantes, leur santé mentale s’améliore grâce à un état de relaxation induit par ces lumières.
Par la suite, la recherche fait un énorme bond en avant pendant les années 40 lorsque le neuroscientifique anglais W. Gray Walter, inventeur de l’électroencéphalogramme et découvreur des ondes thêta, utilise un stroboscope électronique et enregistre les ondes du cerveau de ses patients pour étudier ce qu’il nomme “le phénomène d’oscillation ». Il découvre alors que les flashes lumineux rythmés modifient rapidement l’activité des ondes cérébrales qui parcourent le cerveau et qui témoignent du type d’activité de celui-ci ; ces flashs entraînent littéralement des états de relaxation très profonds et font apparaître des images mentales vives et colorées.
Plus tard dans les années 60 et 70, l’artiste Brion Gysin se base sur ce même principe et invente ce qu’il nomme la Dream Machine. La fameuse “Machine à rêve” envoie alors des flash lumineux à une fréquence constante située entre 8 et 13 impulsions par seconde. Brion y voit alors le moyen idéal pour accéder à des expériences psychédéliques sans avoir recours aux psychotropes comme le LSD ou les champignons hallucinogènes, très en vogue à l’époque.
Des artistes célèbres comme Iggy Pop, Kurt Cobain ou encore Margaret Atwood, ont même déclaré avoir eu recours à la Dream Machine pour stimuler leur imagination et trouver l’inspiration.
Plus tard, une série d’études scientifiques montre que de tels clignotements lumineux à des fréquences bien particulières provoquent des effets étonnants. Plusieurs scientifiques ont démontré que la stimulation lumineuse provoque des réactions bénéfiques et peuvent augmenter l’état de suggestibilité ou encore améliorer certains fonctionnements intellectuels, comme la mémorisation, par exemple.
Depuis, de nombreuses entreprises technologiques et autres start-ups se sont emparées du sujet pour utiliser les pouvoirs des lumières stroboscopiques afin de nous aider à mieux dormir, à méditer ou même à arrêter de fumer !
Mais il n’y a pas forcément besoin d’un attirail technologique dernier cri pour bénéficier des états de transe provoqués par la lumière… Et oui, qui ne s’est jamais laissé bercer par les flammes d’un feu de camp ou d’un feu de cheminée ? Finalement, une flamme vacillante est sans doute la forme la plus élémentaire de lumière hypnagogique. Une des traditions les plus anciennes qu’il soit, qui consiste à fixer la flamme d’une bougie pour méditer par exemple, en est la meilleure preuve. Ceci dit, même en vous approchant très près de la flamme au risque de vous cramer les sourcils, je vous assure que vous n’obtiendrez jamais les effets hallucinatoires du LSD. Ou alors faut bouffer la bougie… Et encore, c’est pas sûr. De toute façon, ça n’a pas très bon goût.
Mais alors, comment ça fonctionne ?
Comment se fait-il qu’une lumière puisse changer notre état d’esprit ? Et que se passe-t-il dans notre cerveau à la réception via nos rétines de ces stimulus lumineux ?
Eh bien grosso modo, quand nos rétines captent les flash d’une lumière qui clignote à une fréquence particulière, après quelques minutes, nos neurones se mettent alors naturellement au diapason et modifient leur propre fréquence interne. Ce phénomène naturel permet alors de changer la fréquence des ondes encéphalo-électriques et donc, de changer d’état de conscience. Mettez-vous les paupières fermées devant une puissante lumière qui clignote à 6 flash par seconde, soit 6 Hz et votre cerveau finira par produire des ondes thêta qui vont mettront dans une profonde transe méditative. Sauf si vous êtes épileptique, hein ! Si c’est votre cas, évidemment, faites pas ça !
Notre cerveau se synchronise donc avec ce qu’il voit… C’est fou, non ? Avec cette méthode, il est ainsi possible de tripper sans drogue, de voyager très loin et très profondément en soi et de méditer comme un Matthieu Riccard, ou presque.
J’ai moi même testé les lumières hypnagogiques pour entrer en état hypnotique, et je dois dire que j’ai vraiment été surpris. Au bout de quelques dizaines de secondes, j’ai ressenti un calme intérieur qui s’est rapidement propagé dans tout le corps. J’ai ensuite vu des formes géométriques colorées et spectaculaires sous mes paupières. En bref, je suis rentré en transe hypnotique en quelques secondes alors que j’étais, à la base, plutôt sceptique quant au procédé.
Quand on connait les bienfaits des états de consciences modifiées, comme une meilleure connexion aux émotions, une créativité débridée ou encore une meilleure mémorisation, pour ne citer que quelques exemples, il serait donc dommage de ne pas profiter des lumières hypnagogiques, qui constituent un véritable raccourci vers la transe.
Quelques liens pour aller plus loins…
- L’ARCHE va lancer prochainement sa propre Dream Machine
- Lumière hypnagogique : on a testé la lampe psychédélique qui fait halluciner comme du LSD (et qui relaxe
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